Si le portage, très courant dans de nombreuses cultures, s’est développé dans les sociétés occidentales ces dernières années, c’est parce qu’il présente de nombreux bienfaits pour les enfants. Mais cette pratique n’est pas uniquement réservée aux parents ! Il peut aussi être mis au place au sein des crèches, ce qui est le cas chez 123 POUSSE. Pourquoi et comment ? Réponse dans cet article !
Qu’est-ce que le portage physiologique ? Quels sont ses bienfaits ?
Le « portage » correspond à l’action de porter le bébé à l’aide d’un moyen de portage (écharpe de portage ou porte-bébé), qui permet d’avoir les mains libres. Le portage dit « physiologique », quant à lui, est un mode de portage qui respecte au mieux la posture naturelle de l’enfant, en tenant compte de son âge, de son tonus et de son éveil et protège donc sa colonne vertébrale, son ouverture de bassin et ses capacités musculaires, tout en respectant la physiologie du porteur.
Le système de portage, par différents réglages, va pouvoir s’adapter à l’enfant ainsi qu’à la personne qui le porte :
- l’écharpe de portage est l’outil qui s’adapte le mieux à la morphologie de chaque bébé et de chaque porteur, grâce aux différents nouages et ajustements possibles avec le tissu.
- le porte-bébé, uniquement s’il est physiologique, peut tout à fait correspondre aux besoins de l’enfant et de l’adulte qui le porte. Certains porte-bébés se nouent, d’autres se clipsent, d’autres proposent un mix des deux systèmes… Il existe de nombreux modèles.
Les bienfaits du portage physiologique pour l’enfant
Le portage a de nombreux avantages. Les tout-petits, notamment lorsqu’ils sont dans la période dite de l’attachement (les 6 premiers mois de vie), ont un besoin de contact physique quasi constant pour se sentir en sécurité. Sans moyen de portage, en crèche, il semble difficile de répondre à ce besoin tout en tenant compte des besoins exprimés par les autres enfants plus grands, qui ont également besoin d’attention !
Le portage permet donc de répondre au besoin des bébés d’être rassurés et sécurisés, particulièrement pendant la période de familiarisation en crèche, sans négliger les demandes des autres enfants autour, pour lesquels il reste deux mains libres aux professionnels de petite enfance.
Le portage peut avoir les bienfaits suivants :
- apaiser, prévenir les pleurs,
- favoriser l’endormissement,
- faciliter la digestion,
- participer à l’éveil du bébé en lui offrant un autre point de vue.
Cela créé aussi des interactions entre tous. Par exemple avec un enfant plus grand porté dans le dos, qui pourra babiller et rire avec son copain, à qui l’on est en train de changer la couche !
Ses bienfaits pour les professionnels de la petite enfance
Avantage le plus évident : le portage offre plus de liberté de mouvement (mains et bras libres). Il est important de souligner que la professionnelle reste disponible pour l’enfant porté et attentive à lui (elle lui parle, le rassure…), même si cela lui facilite les choses pour réaliser d’autres tâches.
De manière générale, on observe beaucoup de Troubles Musculo Squelettiques (TMS) en crèche. Le portage physiologique, en permettant de répartir comme il se doit le poids de l’enfant, permet de préserver les professionnels de la petite enfance de ces troubles.
Par ailleurs, cette pratique apportera une sensation de mieux-être, car les professionnels apaiseront les tensions plus facilement et entendront moins de pleurs, ce qui aura un impact positif sur leur fatigue mentale et émotionnelle.
Interview de Cécile, EJE et formatrice en portage physiologique
Formée au portage physiologique dans les structures d’accueil il y a plus de 10 ans, Cécile, Educatrice de Jeunes Enfants (EJE) au sein de la crèche 123 POUSSE de Bègles, a toujours vu l’intérêt de cette pratique, tant pour les bébés que pour les professionnels de la petite enfance. Après avoir suivi une autre formation pour devenir monitrice de portage en 2021, elle est devenue formatrice depuis juillet 2023. Elle a à cœur de transmettre son savoir aux autres salariées d’123 POUSSE, mais aussi au sein d’autres structures d’accueil (elle peut notamment intervenir dans des crèches municipales) ou encore auprès de particuliers, afin de démocratiser cette pratique. Interview.
Comment se passent les formations que vous proposez dans les autres crèches 123 POUSSE ?
C’est en partie grâce à Clémentine et Magali, fondatrices d’123 POUSSE, que je suis devenue formatrice. En effet, j’ai toujours eu une appétence pour la contenance physique des enfants, que j’ai pratiquée en tant que maman, avec mes propres enfants. Au sein d’123 POUSSE, nous sommes invitées à partager nos talents !
Ainsi, une fois devenue officiellement formatrice, j’ai commencé par former mes collègues, au sein de la crèche de Bègles, puis ai poursuivi par la crèche de Sainte-Eulalie. Je formerai prochainement les professionnelles des crèches du Taillan-Médoc et de Lormont.
J’ai été moi-même formée au portage par des personnes n’ayant jamais mis les pieds en structure d’accueil collectives. J’ai donc adapté mes formations avec ma connaissance de la réalité du terrain, de ce qui est objectivement réalisable ou non.
1. Déterminer les besoins de l’équipe
Je commence toujours par recueillir leurs ressentis et idées reçues autour de la pratique du portage en crèche. En effet, il est très important que les professionnelles de petite enfance se sentent à l’aise avec cette pratique pour pouvoir la mettre en place. L’idée reçue la plus fréquente étant qu’un enfant trop porté ne soit trop accroché / devienne dépendant de la personne qui le porte. Mais au contraire, comme nous l’avons vu, le portage apporte beaucoup de liberté aux professionnels de petite enfance ! En répondant mieux à leurs besoins, on développe leur sécurité affective, et les enfants se familiariseront plus facilement et rapidement à leur nouvel environnement, lors de leur arrivée en crèche.
Aucun risque que cette proximité ne détériore la relation parent-enfant : les parents restent les premières figures d’attachement pour leurs enfants. A la crèche, nous répondons aux besoins des enfants en l’absence de leurs parents et sommes donc des figures d’attachement secondaires. Nous leur apportons réconfort et sécurité mais la relation affective est forcément différente !
2. Apprendre les règles physiologiques et de sécurité
La formation se poursuit en découvrant les différents moyens de portage physiologique : écharpes de portage et porte-bébés.
De mon expérience en structures d’accueil collectives, l’utilisation du porte-bébé permet d’amener plus facilement les professionnels de la petite enfance à passer au portage, car il est plus rapide à installer, et mes collègues se sentent plus en sécurité avec ce type de matériel.
Jusqu’ici, les modèles plébiscités par les crèches sont donc les porte-bébés physiologiques. Certains modèles peuvent être utilisés de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans. Même si nous les apprenons, les nouages des écharpes sont plus longs et plus techniques pour le quotidien en crèche. Pour chaque mode de portage, je prends le temps d’expliquer les réglages à effectuer par rapport à l’âge et à la physiologie de l’enfant, ainsi qu’à celle du porteur.
3. Pratique du portage avec des poupons lestés avant de porter les enfants
A l’issue de la formation, je laisse aux professionnelles de la crèche un moyen de portage ainsi qu’un poupon lesté, avec lesquels elles vont s’entraîner pendant quinze jours. Ce n’est qu’à l’issue de ces 15 jours que je reviens passer une demi-journée dans la structure, pendant laquelle elles pourront cette fois porter les enfants, afin que je puisse vérifier les gestes et les réglages effectués, et valider leurs acquis.
Nous commandons ensuite le matériel nécessaire pour la crèche : à Bègles je fais bénéficier l’équipe de mon matériel. Nous avons donc de nombreux moyens de portage, des écharpes de portage jusqu’aux porte-bébés pour les enfants les plus grands et plus lourds. A Sainte-Eulalie, 123 POUSSE a équipé la crèche des deux porte-bébés physiologiques choisis par l’équipe.
4. Un point au sein de la crèche une fois par an
Dans le cadre de ce projet de formation, l’objectif est de proposer un accompagnement des équipes sur le long terme. C’est pourquoi il est prévu que je repasse une fois par an dans chaque structure, afin de faire le point sur les pratiques et habitudes des professionnelles, et de pouvoir répondre à leurs questions éventuelles.
Bien entendu, le fait de pratiquer le portage en crèche est toujours discuté aussi avec les parents : c’est une proposition faite à l’enfant, en lien avec sa famille.
« Le portage physiologique est un outil qui facilite véritablement le quotidien des professionnels de la petite enfance, tout en permettant de mieux répondre aux besoins de sécurité affective des enfants. Cette pratique n’a que des avantages et mérite d’être plus développée au sein des crèches ! »
Cécile, EJE de la crèche Les Esteyous, à Bègles